La structure de la pièce classique

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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la construction des pièces de théâtre obéit à des modèles relativement figés. Le nombre d’actes, le déroulement de l’exposition ou du dénouement, la nature des péripéties sont ainsi réglés par la tradition.

I Les séquences du texte théâtral

1 L’acte

C’est la division fondamentale de la pièce de théâtre. Les différents actes d’une pièce sont d’une durée à peu près égale.

Une tragédie compte généralement cinq actes, une comédie trois ; c’est pour rapprocher certaines de ses pièces du genre noble que Molière écrit ses comédies dites « sérieuses » (comme Dom Juan) en cinq actes plutôt qu’en trois.

Repère
À noter

Le temps de l’entracte permettait à l’origine de changer les bougies qui éclairaient la scène : celles-ci se consumaient en une vingtaine de minutes !

L’entracte sépare deux actes. Pendant cette pause, l’action est censée se poursuivre en coulisse : dans Le Cid de Corneille, la victoire de Rodrigue contre les Maures a ainsi lieu entre la fin de l’acte III et le début de l’acte IV.

2 La scène

Apparue au début du XVIIe siècle, elle sépare l’acte en plusieurs séquences distinctes, en fonction du mouvement des personnages : dès qu’un personnage entre ou sort, on passe à la scène suivante.

II L’organisation de l’action

1 L’exposition

Première étape de l’action théâtrale, elle donne les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue. Elle présente les principaux personnages, leurs liens et l’amorce des conflits qui constituent l’action.

Elle doit être claire, mais rapide : au mieux, elle n’occupe que la première scène, mais le plus souvent elle correspond à l’ensemble du premier acte.

Les dramaturges recourent fréquemment à l’exposition in medias res (« au milieu de l’action ») : l’action est déjà engagée, les informations sont données au fil d’un dialogue entre le personnage principal et son valet ou son confident.

2 Le nœud de l’action et les péripéties

Le nœud de l’action désigne le moment où des obstacles viennent s’opposer à la réalisation des désirs du protagoniste. Il dure jusqu’à la fin de la pièce, où il sera « dénoué » : il occupe donc l’essentiel de l’action, et correspond aux actes centraux.

Les péripéties introduisent des éléments nouveaux dans le nœud. Au sens strict, la péripétie est un retournement complet de situation à la fin d’une pièce, mais le mot a fini par désigner tous les rebondissements de l’action.

3 Le dénouement

Ultime étape de l’action théâtrale, le dénouement occupe le dernier acte de la pièce : il doit donc être rapide.

Il doit aussi être complet : il fait disparaître tous les obstacles et fixe le sort de tous les personnages de l’intrigue.

Il doit enfin être nécessaire, c’est-à-dire découler logiquement du nœud et des péripéties. Cela interdit le recours au deus ex machina, l’intervention d’un personnage inattendu (dieu ou roi par exemple) qui, arrivant sur scène, lèverait tous les obstacles par son seul pouvoir.

Le dénouement d’une tragédie est généralement malheureux : le mot catastrophe désigne, en grec ancien, le dénouement d’une tragédie. Celui d’une comédie, généralement heureux, se conclut traditionnellement par un mariage.