Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012 en tant que « paysage culturel, évolutif et vivant ». Résultat d’une longue mobilisation, la patrimonialisation de ce site accompagne la reconversion économique de la région.
I. L’inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l’Unesco
1) Un paysage de l’ère industrielle
Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est un territoire du nord de la France marqué par l’exploitation intensive de la houille (XVIIe siècle-fin du XXe siècle). Il se distingue par son patrimoine industriel : terrils, corons, chevalements.
Info
Les terrils sont des collines artificielles construites par accumulation de résidu minier. Les corons sont des maisons en brique rouge mitoyennes destinées aux mineurs. Les chevalements sont des structures servant à descendre et remonter les mineurs et le minerai.
Lourdement touché par la Première Guerre mondiale, le bassin minier est en partie reconstruit dans les années 1920. Lorsque le dernier puit ferme en 1990, la volonté d’effacer les traces du passé domine. Mais dans les années 2000, l’intérêt du patrimoine matériel et naturel minier émerge.
2) La procédure d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco
À partir de 2002, à l’initiative de l’association Bassin Minier Uni, inventaires et études mobilisent des spécialistes et les collectivités territoriales pour faire inscrire le bassin au patrimoine mondial de l’Unesco. L’État soutient le projet en classant ou inscrivant 69 vestiges aux monuments historiques en 2009 et 2010.
Ayant contribué au processus d’industrialisation du pays, ayant abrité le métier de mineur, présent par-delà les frontières, le bassin minier est universel. Tous ses terrils n’ont pas été arasés : les cités minières ont conservé leur exceptionnelle intégrité architecturale. L’inscription est acceptée par l’Unesco le 30 juin 2012.
II. Les apports d’un label prestigieux
1) Faire du bassin minier un territoire attractif
Le bassin minier doit devenir une nouvelle destination touristique. Cinq « grands sites de mémoire » sont aménagés, surtout des fosses, des corons et des terrils. L’inscription intervient au moment de l’ouverture du musée du Louvre-Lens.
La patrimonialisation du bassin minier a aussi pour but de changer les regards extérieurs et attirer les investisseurs, cadres et étudiants dans le Nord. Elle doit également agir sur la population du bassin, notamment sur la jeunesse, afin de lui redonner sa fierté de vivre dans une région économiquement en difficulté.
Mot-clé
La patrimonialisation est le processus juridique, politique et socio-culturel par lequel un bien, un espace ou une pratique se transforme en objet du patrimoine digne d’être conservé.
2) Faire vivre un « paysage culturel, évolutif et vivant »
Le choix de l’Unesco est venu couronner une action d’aménagement du territoire du bassin entreprise depuis vingt ans : les terrils ont été transformés en lieux de pratique sportive ou de conservation de la biodiversité, les étangs sont devenus des bases de loisirs, les corons ont été rénovés, des fosses ont servi de décor de cinéma (Germinal de Claude Berry sur le site Arenberg à Wallers en 1993).
Sans être sanctuarisés, les grands sites de mémoire suivent une logique de reconversion post-industrielle. Ils se destinent à devenir des pôles économiques et culturels en accueillant des centres de formation, d’innovation et de recherche.
Le besoin d’expliquer les raisons de la distinction par l’Unesco, de sensibiliser sur la valeur universelle et exceptionnelle du bassin minier reste essentiel : les habitants du bassin en deviennent les ambassadeurs et endossent le rôle de citoyens vigilants sur les atteintes à leur patrimoine.