La liberté, nos libertés, ma liberté

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Comment définir la liberté ?

A) Une conquête progressive des libertés

Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières réclament des libertés étendues à une large part de la population. La liberté est posée comme un droit naturel avec la Révolution française, elle est inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789). Elle est étendue à l’humanité entière par la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948). La liberté est concrétisée par un ensemble de lois : le droit.

Les libertés peuvent s’exercer individuellement ou collectivement.

Les libertés s’expriment par l’application de droits civils, politiques, économiques et sociaux. Toutes les libertés sont le fondement de la démocratie, actuellement garanties par la Constitution de la Ve République (1958). Les libertés paraissent normales pour ceux qui les vivent, mais sont souvent issues de conflits. Elles doivent s’adapter à l’évolution de la société et se défendre contre les pressions extérieures.

Exemples
Liberté individuelle : publication d’un ouvrage pour la liberté d’expression.

Liberté collective : manifestation ou grève pour la liberté d’expression.

Remarque

La liberté politique n’est acquise que progressivement : le droit de vote est réservé aux plus riches en 1791 ; il est élargi à tous les hommes en 1848 et aux femmes en 1944 (suffrage universel, masculin puis féminin). De même, les femmes ont longtemps lutté pour obtenir l’autonomie financière (loi de 1965 : la femme peut exercer une profession et ouvrir un compte bancaire sans l’accord du mari). De nombreuses libertés restent à conquérir, comme la parité dans les carrières, les salaires…

B) Les libertés de l’individu

La liberté individuelle est celle de ne pas être arrêté ni emprisonné de façon arbitraire. Dans un État de droit, comme en France, c’est la loi qui prévoit les cas dans lesquels on peut arrêter ou emprisonner quelqu’un. Tant qu’elle n’est pas condamnée, toute personne est présumée innocente. Le droit à la sécurité et à la protection des libertés individuelles est contenu dans tous les règlements intérieurs scolaires.

La liberté de circulation est garantie par la loi. Toute personne, en France, peut se déplacer librement, s’installer dans la commune de son choix. Circuler librement ne peut se faire qu’en respectant certaines règles imposées dans l’intérêt de tous, comme les consignes de sécurité, le respect du code de la route, de la propriété privée…

Le droit au respect de la vie privée est nécessaire à la liberté individuelle : protection du domicile, libre choix de la vie personnelle et familiale, liberté des opinions personnelles, droit au secret des correspondances, droit à l’image (pas d’images diffusées sans le consentement de la personne concernée) et à la confidentialité des données personnelles…

C) Les libertés de pensée

La liberté d’opinion désigne le droit d’avoir ou non des idées politiques, religieuses ou philosophiques. La liberté d’expression concerne les multiples moyens de diffuser ces idées (écrits, discours, presse, médias, réseaux sociaux, arts et lettres…). Elle est fréquemment protégée par la loi, et notamment la loi sur la liberté de la presse de 1881. La liberté de réunion implique de pouvoir s’assembler pour débattre démocratiquement, comme lors de réunions de quartiers où les citoyens peuvent faire des propositions au conseil municipal.

La liberté d’association est une autre forme de liberté d’expression. Les associations désignent des organismes composés d’au moins deux personnes, destinés à mener des projets à bien, à défendre des idées de façon régulière, sans but lucratif (loi de 1901), comme les associations de défense de l’environnement. Si ces associations entendent défendre les droits du travail, ce sont des syndicats (autorisés depuis 1884) ; le droit de grève et de manifestation existe depuis 1864. Si elles exercent leur liberté d’expression pour remporter des élections et appliquer un programme, ce sont des partis politiques.

Les lycéens bénéficient de ces libertés d’expression, d’association (foyer socio-éducatif, conseil de vie lycéenne…) et de réunion. Ils ont également le droit d’être représentés par l’élection démocratique des délégués de classe et des délégués pour la vie lycéenne.

La liberté et l'intérêt général

A) L’État de droit limite les libertés dans l’intérêt général

En démocratie, les lois essaient de concilier les libertés individuelles avec l’intérêt général en édictant des règles précises destinées à préserver les droits du citoyen. Les citoyens ne pourraient exercer leurs droits sans respecter ceux des autres.

C’est pourquoi ces libertés sont limitées par le respect de la loi et des libertés des autres citoyens. Par exemple, la liberté d’expression doit s’exercer dans le respect des personnes et des opinions de tous (ex. : charte de déontologie de Munich de 1971, que les journalistes doivent respecter) : elle ne doit comporter aucune atteinte aux droits de l’homme, aucun mensonge, aucune insulte, aucune atteinte à la vie privée, à la dignité humaine ou aux libertés des citoyens, sous peine de sanctions pénales (amendes, prison). Chacun a la liberté d’expression, mais chacun est également responsable de ce qu’il exprime.

L’exercice des libertés doit respecter l’intérêt de tous, ce qui peut amener l’État à les limiter dans des circonstances précises, comme pendant l’état d’urgence. Il peut de plus établir une hiérarchie en cas de conflits de libertés : il donne toujours la priorité à l’ordre et à la santé publics. Par exemple, le service minimum est obligatoire en cas de grève dans les métiers de la santé ; la liberté de circulation s’efface devant celle des secours d’urgence…

Mots-clés

Démocratie : régime politique dans lequel le peuple a le pouvoir.

État de droit : État dans lequel tous doivent obéir à la loi et se soumettre à la justice.

Intérêt général : ce qui est bénéfique à l’ensemble de la société, dans le respect des droits fondamentaux et des valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité).

B) L’État de droit protège les libertés par la loi et la justice

L’exercice des libertés en France se complète d’une obligation de solidarité entre les citoyens, qui doivent se porter mutuellement secours et respecter les droits des autres. Ils sont responsables individuellement de leurs actes au regard de la loi.

La justice, égale pour tous et indépendante, tranche les conflits entre citoyens, sanctionne les comportements interdits en appliquant la loi pour que tous puissent exercer leurs libertés en toute sécurité. Les procès sont équitables et respectent les droits d’expression des deux parties qui présentent leurs arguments à tour de rôle.

C) L’État de droit protège les libertés contre la discrimination

L’État de droit protège tous les citoyens sans distinction. La loi sur l’égalité des chances (2005) renforce le fait que chaque citoyen obtienne les mêmes chances de faire des études adaptées à ses capacités et donc la liberté d’accéder à l’emploi qu’il souhaite.

Cependant, des différences ou inégalités subsistent entre les citoyens : la taille, l’âge, le sexe, la couleur de la peau… Ces différences contribuent à bâtir l’identité de l’individu et doivent être respectées et acceptées.

Le refus de tolérer les différences, qui aboutit à léser l’autre, à ne pas lui rendre des services (refus de louer un logement, d’apporter des soins…), est de la discrimination, punie par la loi. Il s’agit d’une atteinte aux libertés de l’individu et à l’égalité.

Le Code pénal définit et condamne les différentes formes de discrimination ; la loi Pleven (1er juillet 1972) fait du racisme un délit. Une loi de 2006 favorise l’égalité salariale entre hommes et femmes et condamne le sexisme ; les formations sont mixtes, il n’existe plus de métiers interdits aux hommes ou aux femmes. En plus de l’État et de la HALDE (Haute Autorité de lutte contre la discrimination et pour l’égalité) devenue le Défenseur des droits en 2011, des associations comme la LICRA, ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme soutiennent les victimes, notamment dans une démarche juridique.

L’État crée des lois démocratiques pour réduire les inégalités, étendre les libertés et le respect des droits de l’individu : aides pour les élèves handicapés, aides sociales à la famille et à l’enfance… Les discriminations sont inacceptables car elles entravent les libertés ; il faut continuer à faire évoluer les mentalités pour favoriser une bonne intégration de tous les citoyens, quelles que soient leurs différences.

Libertés et cultures numériques

A) Identité numérique et libertés

Des moyens techniques variés (informatique, téléphone, vidéo-surveillance…) enregistrent, stockent et diffusent de nombreuses informations. Les médias offrent une immense liberté d’information et d’expression à tous les citoyens connectés. Les internautes créent des identités numériques et laissent des traces de leurs activités informatiques.

Depuis 1978, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) surveille la constitution des fichiers informatisés : le stockage des données sur les origines, l’état de santé, les opinions politiques ou religieuses d’une personne… est encadré par la loi et limité dans le temps. Dans certains métiers, le secret professionnel est obligatoire pour préserver la vie privée, comme les métiers de la santé, de la justice…

De nouvelles lois protectrices des libertés s’affirment dans la démocratie en s’adaptant à l’évolution de notre société (droit d’accès à Internet, 2009).

B) Aliénation et autonomie de l’individu

Les usages abusifs d’Internet et des réseaux sociaux peuvent porter atteinte aux libertés individuelles si une certaine vigilance n’est pas appliquée.

Certains subissent les effets du cyber-harcèlement : des internautes malveillants peuvent utiliser le numérique pour faire du tort à d’autres, de manière insistante. Les réseaux sociaux véhiculent alors toutes formes d’atteinte à la dignité et à la liberté individuelle (moqueries, injures, humiliation, diffamation, usurpation d’identité, contacts insistants…). Ce harcèlement est un délit, condamnable par la justice, car il est préjudiciable à la vie quotidienne et à la dignité des victimes.

C) Protéger ses libertés face aux dangers du numérique

Des lois existent en France et dans la plupart des pays démocratiques pour protéger l’identité et les droits de l’individu ; la loi informatique et libertés (6 janvier 1978) et la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2007) interdisent la diffusion de données qui portent atteinte aux droits de l’homme et à la dignité de l’individu. La loi du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles rappelle que tout citoyen a le droit de contrôler les usages qui sont faits des données qui le concernent. Ainsi le droit à l’image et le droit au respect de la vie privée interdisent la diffusion d’images et de données concernant un individu sans son accord préalable. Toute atteinte à la dignité de l’individu (insultes, diffamation…) peut faire l’objet d’amendes et/ou de peines de prison.

Il est important de prendre conscience des effets nocifs des abus du numérique, et de se faire aider par des associations de défense des libertés (Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme…) ou par des organismes publics spécialisés (Défenseur des droits, Commission nationale de l’informatique et des libertés). Nos libertés sont protégées par des lois qu’il faut toujours actualiser en fonction de l’évolution des technologies et de la société.